Les sculptures de Flo Arnold flottent dans des espaces qui ouvrent à la pensée, à la spiritualité, au voyage intérieur. Cette installation créée pour la Nuit Blanche 2018 à Paris s’inscrit dans une démarche de transformation, de circulation des cultures que l’artiste a nommé « No boundaries ». Flo Arnold développe ses formes dans des espaces qui amènent au recueillement, pour libérer une parole d’ouverture, de voyage et de rencontre par delà les frontières et les différentes cultures qu’elle traverse et qu’elle traversera. Après ses nombreuses réalisations telles que Leïla, Co-existence, Le Vertige du Monde, son nouvel opus Le secret des signes est une forme organique et complexe, tissée de métal et de papier, de lumières et de sons, une forme qui rappelle la fumée ou un nuage qui part du sol et qui s’élève vers les cieux, une étrange beauté qui se délivre de la pesanteur, tel un rêve poétique... Le secret des signes, c’est également cette faculté de se comprendre dans l’acceptation d’une altérité contre toutes les fermetures idéologiques. Sans connaître le langage de l’autre, sa culture, la rencontre sera toujours possible : les gestes, les regards, les attitudes, les rituels sont des langages qui reposent sur un silence qui connecte les corps dans les espaces. A travers cette installation, Flo Arnold tente une rencontre interactive avec cette forme qui semble nous parler mais dont chacun des visiteurs décodera le message en fonction de sa culture et de ses expériences intérieures. C’est une oeuvre ouverte à de multiples interprétations, une forme statique mais qui évoque le mouvement ascensionnel et vivant. La sculpture devient une forme vivante qui se transforme en fonction des lieux qu’elle habite et des situations qu’elle met en scène.
Les pensées sur les formes d’art d’Henri Focillon dans La Vie des formes conviennent parfaitement au projet de Flo Arnold : « L’oeuvre d’art est une tentative vers l’unique, elle s’affirme comme un tout, comme un absolu, et, en même temps, elle appartient à un système de relations complexes. Elle résulte d’une activité indépendante, elle traduit une rêverie supérieure et libre, mais on voit aussi converger en elle les énergies des civilisations. (...) Elle plonge dans la mobilité du temps, elle appartient à l’éternité. Elle est particulière, locale, individuelle, et elle est un témoin universel. (...) Ainsi s’accumule autour de l’oeuvre d’art la végétation luxuriante dont la décorent ses interprètes, parfois au point de nous la dérober tout entière. Et pourtant son caractère est d’accueillir tous ces possibles. » Cette mobilité des regards propulsée par la forme lumineuse de Flo Arnold qui commence son ascension, rappelle le mouvement de la sculpture grecque et baroque, telle le voile d’une nymphe qui s’élève, drapé de mémoires, tel un souffle puissant vers l’autre, pour libérer la parole à travers la fibre sensible du monde. L’artiste honore de sa forme déployée l’architecture du choeur de l’église Saint Paul – Saint Louis.
– Lionel Dax
Interview de Florence Arnold / Donia Hachem, Luxe Radio, 16 juin 2017: